La logique libérale pour sauver le syndicalisme de son action mafieuse

Les grèves de ces derniers jours en Belgique montrent qu’une partie du syndicalisme du plat pays, bien loin de ses prérogatives historiques (importantes et légitimes), est devenu une mafia au sens propre du terme.

Prenons d’abord une définition simple de « mafia » : c’est une organisation criminelle, plus ou moins opaque qui entretient des liens fort avec le politique. J’entends d’ici les cris d’orfraies : « comparer syndicalisme et organisation criminelle ! ». Le retour aux heures les plus sombres de notre histoire, aux charges armées de la police du 19ième. Pour certains, il est devenu clair que critiquer les actions contemporaines des syndicats, c’est forcément justifier les exactions policières ou étatistes du passé. Un peu comme si les syndiqués abattus par une police aux ordres de l’État et des industriels de l’époque, justifiaient le n’importe quoi de 2015. Le gouvernement Michel énerve les gauchistes, ce n’est pas une surprise. Pourtant, comme je l’ai déjà expliqué, n’importe quel analyste sérieux le qualifierait de social-démocrate, faisant tout ce qu’il peut pour sauver la Sécu et l’État tentaculaire. On attend toujours le fameux « bain de sang social ».

Les syndicats ont toutes les caractéristiques des mafias

Wikipédia, qui bien entendu reste une encyclopédie « grand public » donne 6 caractéristiques intéressantes des mafias :

  1. Structuration de l’organisation qui suppose un engagement réciproque de ses membres et un certain nombre de règles internes.
  2. La violence qui est à la fois utilisée pour accéder à des richesses et pour protéger l’organisation par l’intimidation.
  3. La mafia a aussi un rôle social. Les mafieux cherchent à avoir des rôles importants dans des activités de médiation sur le plan politique, social ou économique, en particulier pour la jonction entre la sphère légale et illégale.
  4. Un ancrage territorial. Ainsi tout en ayant des activités internationales, les mafias cherchent à garder des liens sur leurs territoires d’origine.
  5. La coexistence entre les activités légales et illégales entre l’ensemble des ressources de l’organisation. Seule l’Italie, confrontée de longue date aux phénomènes mafieux, a défini le crime d’association mafieuse.
  6. Le lien avec les classes politiques et les institutions, soit à l’échelle régionale, soit à l’échelle nationale. Grâce à cette interpénétration, elle arrive à accéder à certaines ressources, dont des marchés publics. Elle arrive dans certains cas à agir en toute impunité judiciaire parce qu’elle monnaie son soutien à la classe politique à travers l’influence qu’elle exerce sur la société.

Vous pouvez retourner ces 6 phrases dans tous les sens, elles correspondent à merveille à ce qu’est un syndicat comme la FGTB aujourd’hui. Prenons les une par une.

La première est évidente : les syndicats sont bien structurés autour d’un certain nombre de règles internes, il y existe bien un engagement réciproque entre ses membres.

La seconde caractéristique semble plus insidieuse, mais c’est bien leurs actions qui me donnent raison. Certaines grèves ont été violentes, pensons également à ce qu’il s’est passé à Air France il y a quelques semaines. Pensons à Raymonde Le Lepirvier qui, l’an passé, a saccagé le travail de vendeuses de non pas un mais bien deux magasins de vêtements car ceux-ci étaient ouverts un jour de grève. Les syndicats répondent que leur violence s’oppose à celle du patronat, donc, ils ne la nient pas. Cette violence prend aussi la forme d’intimidations, verbale et physique, d’occupation, d’empêchement de se déplacer, de dégradation avec l’appropriation d’un vocabulaire guerrier : la révolte, le combat, la lutte, la prise d’assaut, la résistance…

Après l’épisode du décès à l’hôpital liégeois, un médecin expliquait qu’ils avaient essayé en 2013 de faire dormir une partie du personnel de garde dans l’hôpital pour éviter les problèmes type « bouchons syndicaux » mais que les dits syndicats ont « mis la pression » pour que ça n’arrive pas, en les traitant de « casseurs de grève ». Qu’est-ce que ce genre d’actions, si ce n’est de l’intimidation pour protéger son association ? Quand Monsieur Goblet explique qu’il ne veut pas de personnalité juridique et ne veut pas dévoiler, en toute contradiction avec sa volonté de transparence pour les comptes d’entreprises, les comptes des syndicats, n’essaye-t-il pas de protéger son accession à une richesse estimée à plusieurs millions d’Euro ? Que penser d’organisations aussi puissantes que les syndicats belges, bien plus puissants que ceux de France, et qui n’ont pas de personnalité juridique, donc pas de comptabilité officielle, et qui ne peuvent donc pas être contrôlées, ni fiscalement, ni juridiquement ? Que doit-on penser des quasi 6 millions d’Euro versé à la FGTB par la SNCB, pris sur l’argent de tous les contribuables et voyageurs, pour son financement propre ?

Ensuite, troisième point, personne ne nie que les syndicats ont bien un rôle social, surtout en Belgique ou, par la force de la loi, ils s’occupent de verser les allocations de chômage.

Quatrième caractéristique : l’ancrage territorial. Entre l’Internationale, les liens mondiaux entre syndicats, leurs promenades de santé à Cuba et les actions de la FGTB Liège, je pense que tout est dit.

Quand à la coexistence d’activités légales et illégales, c’est aussi très clair. Rappelons que la CGT française est championne du monde dans sa catégorie d’actes illégaux (détention d’armes, agressions physiques, détournement d’argent…) comme le montre en partie le livre Syndicats filous (et beaucoup d’autres ouvrages). En Belgique, le droit est ainsi fait que bloquer une autoroute et casser du matériel public est bien un acte illégal, que ne pourrait justifier aucun « combat syndical », même le plus légitime de tous. Dans le passé, faut-il aussi remémorer « l’affaire Faust », dans laquelle la FGTB-Setca s’est retrouvée face à la justice pour association de malfaiteurs, corruption, faux et travail au noir, en lien avec l’administration de l’État et ses marchés frauduleux.

Enfin, il n’est même pas nécessaire de justifier les liens qu’entretiennent les syndicats avec la politique et les institutions tant ils les ont noyauté.

Les syndicats sont donc des mafias, et ils le sont devenus par leur propre faute, ou plutôt, leur propre volonté. Et parfois, cela se retourne contre eux, comme cet épisode de l’autoroute bloquée dans lequel a été pris un chirurgien de garde n’ayant pu se rendre dans le temps imparti à son bloc opératoire, ce qui a conduit au décès de la patiente. Je voudrais conclure là dessus.

Logique socialiste contre logique libérale

Bien entendu, l’hôpital aurait pu prévoir qu’avec la grève, il aurait fallu deux ou trois chirurgiens de garde, même si ces spécialistes ne courent pas les rues. Mais voilà, ceux qui avaient déjà essayé des « plan B » pour parer aux grèves se sont frotter à la colère des syndicats, et de plus, l’hôpital a respecté la loi d’encadrement des gardes médicales publiées par la Région Wallonne, depuis longtemps dans les mains de la gauche et … des syndicats. Encore un gros merdoiement des étatistes.

La personne est morte et l’hôpital porte plainte. Qui attaquer en justice ? Le syndicat ou les individus de l’autoroute ? La logique socialiste, holiste, anti-individuelle et « solidaire » (au sens socialiste, les libéraux ont une définition de la solidarité différente, basée sur la volonté propre), suppose que l’on s’attaque au syndicat, au groupe de cama’ et que donc toute l’organisation réponde à la justice. La logique libérale, dont le principe de base est « liberté et responsabilité », suppose une logique individualiste. Ce sont donc les personnes ayant bloqué l’autoroute qui devraient justifier leurs actes. Bien entendu, par principe de « solidarité volontaire », rien n’empêche l’organisation dont ils dépendent ou leurs camarades de les aider et de les supporter.

Comble de l’ironie pour une organisation anti-libérale et anti-capitaliste, la logique mafieuse des syndicats, leur refus d’avoir une personnalité juridique pour pratiquer en toute opacité leurs petites magouilles, vient de leur jouer un tour. Ce n’est pas le syndicat qui va être attaqué en justice, mais bien trois ou quatre pauvres types qui se pensaient à l’abri de la colère des non-syndiqués, probablement pris dans un mouvement général dont ils ont mal évalué la portée, et qui vont se prendre la justice en pleine face. On a du mal à imaginer comment ils vont justifier le blocage de l’autoroute et les dégradations multiples, même si le tribunal ne retient pas l’homicide involontaire. Si les syndicats belges avaient accepté la personnalité juridique (qui est à ma connaissance un cas unique au monde), c’est bien l’organisation qui aurait cette responsabilité, dans un bon principe de solidarité socialiste…

Le libéralisme pour sauver le soldat syndicat

Au fond, tout cela est dommage. Les syndicats ont un vrai rôle à jouer dans une société. Idéalement, ils devraient, ainsi que le défendait Bastiat (le grand penseur libéral français du 19ième), pouvoir permettre aux travailleurs de s’organiser en groupes afin de porter leur voix dans leurs entreprises ou dans la société. Le droit de s’associer, de faire coalition et de se défendre est en effet un droit libéral de la plus haute importance. Tous les tyrans et tous les fascismes ont toujours voulu supprimer ou museler les syndicats. Bastiat_syndicats

La plupart des travailleurs ont un jour eu à faire à un patron salaud, prêt à vous arnaquer sur vos heures, votre salaire, votre déclaration, … Ce fut mon cas, personnellement, et encore dernièrement, je peux citer le cas d’un ami très proche qui s’est rendu compte du jour au lendemain qu’il travaillait au noir avec un faux contrat, alors qu’il est marié et a un enfant et que notre cher État social lui demande de rembourser les allocations indûment reçues.

Le rôle des syndicats dans ces moments est important. Personne ne peut le nier. Mais aujourd’hui, ces organisations, comme beaucoup le pointent du doigt, sont passées de la défense des ouvriers face à une certaine tyrannie du patronat industriel du passé, à une mouvement ultra-corporatiste, qui flirte ou verse carrément dans l’illégalité, une organisation opaque, oppressante et qui défend uniquement ses propres intérêts.

Avec ça, le désamour et la méfiance vis à vis des syndicats grandissent, et de plus en plus de voix s’élèvent contre eux. Pour se sauver, les syndicats feraient bien de s’inspirer du libéralisme, et d’accepter, en plus de leur liberté de foutre le pays dans un bordel sans nom du jour au lendemain, la responsabilité de leurs actes en sortant de leur logique mafieuse. C’est seulement lorsque que leurs actions seront modérées par la responsabilité qu’ils retrouveront la légitimité qu’ils méritent.

2 réflexions sur “La logique libérale pour sauver le syndicalisme de son action mafieuse

    1. Ou l’Etat.

      Ca marche excessivement bien avec l’Etat.

      Remplacez le mot « syndicat » par « Etat » ou effectivement par « multinationale », changez les exemples, tout fonctionne aussi bien.

      Oui, l’Etat devrait être libéral ainsi que les multinationales. Aucun d’eux ne le sont. J’ai pris les syndicats parce qu’ils font parler d’eux mais les collusions entre État et entreprises sont du même niveau.

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